jeudi 17 septembre 2015

Le Tout Nouveau Testament : drôle, poétique, mélancolique et bancal


Il faut croire que nos voisins belges ont le monopole de la créativité ces derniers temps puisqu’après "Je suis mort mais j'ai des amis", sorti en Juillet dernier, c'est un autre film du plat pays que je m'apprête à traiter aujourd'hui. Attendu par certains comme le Messie (ne soupirez pas, ce n'est que le début), Le Tout Nouveau Testament, nouveau film du réalisateur Jaco Van Dormael (Le Huitième Jour, Mr Nobody...) a débarqué dans nos salles obscures françaises avec un Benoit Poelvoorde en grande forme interprétant un véritable connard, odieux et infect personnage en la personne de...Dieu. La bande annonce étant prometteuse, le film s'annonçait plutôt réjouissant. Alors, le résultat est-il à la hauteur de nos espérances? Et bien oui et non.

Déjà ne vous méprenez pas car l'affiche est trompeuse, le film n'est pas centré sur Poelvoorde bien qu'il soit présent tout le long du film, non ici le héros principal du Tout Nouveau Testament est une enfant de 10 ans, la fille du Bon Dieu : Ea. D'ailleurs "bon" dans ce film, Dieu ne l'est pas, il est ce qu'on appelle plus communément un enculé de première, un odieux personnage, méchant, négligé , toujours flanqué d'un vieux peignoir, qui s'amuse à jouer avec ses créations en les faisant souffrir tout autant que ses proches. Il passe son temps à humilier sa femme (jouée par Yolande Moreau) à critiquer sur son fils J-C qui n'a réussi selon-lui qu'à " se faire clouer sur un cintre comme une chouette" et à battre sa fille Ea (campée par la jeune Pili Groyne) lorsque celle-ci se rebelle contre-lui. 


Ea n'en pouvant plus de cette situation, décide de faire chier son salaud de père une bonne fois pour toute en envoyant les dates et heures précises de décès à tout le monde par SMS. Après avoir bien foutu la merde et s'être attiré la colère de Dieu, elle part à la recherche de 6 nouveaux apôtres (ramenant le total à 18, comme le nombre de joueurs d'une équipe de base-ball, sport que sa mère affectionne particulièrement) afin de rédiger un Tout Nouveau Testament et de repartir sur de nouvelles bases.

Si la première partie du film est excellente, drôle et déjantée comme il faut, c'est à partir de la quête des apôtres que le soufflé retombe un peu, le film se divise alors en chapitres, comme dans l’évangile, et nous dresse le portrait de chacun des apôtres, à savoir : une jeune femme sans bras gauche (Laura Lervinden), un employé de bureau déprimé (Didier De Neck), un obsédé sexuel (Serge Larivière), un assassin (François Damiens, magnifique contre-emploi), une femme délaissée (Catherine Deneuve) et un garçon qui souhaite devenir une fille (Romain Gelin).

Ces chapitres sont assez inégaux selon moi, bien qu'ils soient, pour la plupart, intéressants, drôles et poétiques, d'autres sont un peu plus...déconcertants, je pense notamment à celui avec Catherine Deneuve, j'avoue que je n'ai pas bien capté le coup de la passion amoureuse avec le Gorille, c'est un peu gênant...

Deux monstres du cinéma : Catherine Deneuve et King-Kong
N'attendez d'ailleurs pas une critique acerbe de la religion, il n'en ai rien, Jaco Van Dormael parle de gens, de nos sentiments contradictoires, de la vie, de ce que nous voulons en faire, de notre chemin de croix,  de notre destin, bref c'est beau, poétique, mélancolique...un peu trop sans doute.

Le souci majeur en fait n'est pas tellement le film en lui-même mais la manière dont on nous l'a sur-vendu, c'est à dire comme une comédie, drôle, féroce, iconoclaste portée par Poelvoorde, ça marchait du feu de dieu il suffit de voir la BA :

 

Mais ce n'est pas le cas, le film n'est pas si drôle que ça, d'où ma légère déception et la désagréable surprise qu'on pu avoir certains spectateurs, qui sont restés décontenancés devant l’œuvre du réal belge. Pourtant il ne faut pas exagérer, l'histoire est originale, le casting est bon (même les gamins jouent bien et pourtant, Dieu sait que c'est rare) et il y a de bonnes trouvailles visuelles ou musicales (l'idée que l'on ait une petite musique intérieure en chacun de nous est vraiment très bonne).

Je suis donc un peu mitigé mais cela reste, dans l'ensemble, un bon (et beau) film, créatif, drôle (parfois) et bienveillant qui se trouve au-dessus de pas mal de sorties cinés du moment (à moins que le reboot du Transporteur ou de Hitman vous tente...m'enfin bon...) Et même si des aspects du Tout Nouveau Testament, sont à mon sens, un peu bancal, il fait un bien fou ! Mais il ne plaira pas à tout le monde c'est sûr.

Je vous conseille vraiment d'aller le voir, ne serait-ce que pour vous faire votre propre avis, après tout, ce que je dis n'est pas parole d'évangile ! Bon allez, ça suffit j'arrête avec les références bibliques, de toutes façons je n'ai plus rien à rajouter l'article arrive à son terme, ouf ! Dieu soit loué ! (hi hi hi j'ai pas pu résister)

T’es un criminel Francis !




PS : Juste pour mentionner l'apparition de Pascal Duquenne (l'acteur trisomique du huitième jour) dans ce film, c'était sympa de le revoir après toutes ces années !